Voilà, ça y est, il sort, c'est imminent!!
Il a été retardé, évidemment, mais il arrive début juin, notre roman choral à Elisabeth Benoît-Morelli et moi-même.
(magnifique couverture de Germain Barthélémy)
Pour fêter ça, nous avons eu l'idée de faire une petite interview, de nous deux. Un peu de lecture?
Allez Zou!
- Comment vas-tu ?
EBM :En ce moment, je vais à surtout à pied. Et tout cas
j'essaie. Je travaille depuis quelques temps à la maison, comme beaucoup de
gens. Mon périmètre s'est rétréci et se parcourt facilement à pinces.
Heureusement, au bord du chemin, il y a des arbres, des oiseaux, des fleurs,
des insectes, et parfois des gens aussi. Heureusement.
MFZ : Ma foi, pas trop mal. Pourvu que ça dure.
- Où vous êtes-nous rencontrées ?
EBM :Marie-France et moi, nous nous sommes rencontrées
dans une librairie. Ça ne s'invente pas ! Elle s'appelle « Les belles
pages » et se trouve rue du Bon-Secours à Murat, dans le Cantal.
Marie-France avait à l'époque déjà publié des albums pour la jeunesse. Quant à
moi, je bloguais, sous le pseudonyme de Za, avec un Cabas.
MFZ : Je sortais de chez le coiffeur, j’avais BESOIN
d’un livre (!!) Je suis allée aux Belles Pages, le libraire nous a présentées,
et on s’est entendues comme larrons en foire. D’emblée. En plus je lisais le
cabas de Za !!
EBM : Preuve de bon goût. Et sinon, ça se dit larronnes ?
- D'où te vient le goût de la lecture ? De l'écriture ?
EBM :Je suis enfant unique. La lecture est souvent un
passage obligé des enfants uniques. Je n'ai pas dit solitaire, attention. Mais
les livres sont les parfaits compagnons des longs étés à l'ennui incomparable.
Je lisais tout ce qui me tombait sous la main, sans hiérarchie. J'ai
l'impression d'avoir toujours lu.
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EBM lisant ce qui lui tombe sous la main |
Mes débuts dans l'écriture sont précisément datables : l'année de sixième.
Une fois par semaine ou moins, je ne sais plus, la classe était partagée en
groupes. Ma professeure de Français, Monique Vallat à Apt, grâce lui soit
éternellement rendue, avait conçu le projet de faire écrire à chacun des élèves
son propre roman. J'ai conservé le cahier. Il y était question d'une amitié
impossible entre un jeune Gaulois et un jeune Romain. Je n'ai plus jamais
arrêté depuis : journal intime, fanfictions, blog...
MFZ : Le goût de la lecture est venu comme une conquête.
On ne me lisait pas d’histoires, ça se faisait pas trop. Le jour où j’ai fini
mon premier « Oui-Oui » je me suis sentie libre et indépendante (et
sacrément fière). Je suis en CP et je peux lire ce que je veux !!La
classe.
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MFZ en CE1 ou CE2 |
Avant l’écriture il y a le goût de raconter des
histoires : en faisant des petites mises en scène de théâtre pour un
public de cousines, les déclamations de poésie en classe. L’oralité et le récit
sont très présents bien avant l’écriture. J’ai voulu raconter en dessinant
d’abord (une BD que j’ai jetée, il y avait un crocodile, un gorille et un
serpent…). Et puis la littérature et l’écriture au Lycée, mais pas un journal
intime : des débuts de roman.
- Qu'est-ce qui t'embarque dans un livre, te fait
vibrer ? A quoi es-tu sensible ?
EBM :Chez moi, le diagnostic, irrévocable, se pose à la
page 50. Je continue ou pas. Lorsque je n'ai pas vu passer la page 50, c'est
bon signe. Lorsque je la guette, c'est que c'est mal parti. Ce qui fait que ma
lecture va couler jusqu'à la fin, c'est avant tout un univers, une façon de
prendre le lecteur par la main, de l'égarer. Et puis le style évidemment,
l'auteur qui ne se regarde pas écrire, qui va à la simplicité – cette
simplicité qui est souvent le fruit d'un implacable travail d'élagage.
MFZ : En tout premier c’est la langue. Je n’arrive pas à
dire « le style ». Un style c’est déjà une fabrication, une posture.
La langue c’est plus brut, primaire. C’est le souffle. Ça se fabrique pas,
c’est là ou pas. Ensuite viennent l’histoire et les personnages. Et ce qui me
touche particulièrement dans les histoires ce sont les détails, le petit truc
qu’on n’avait pas vu et qui fait tout basculer. Dans Harry Potter par exemple,
il y a le combat de Harry contre les forces du mal tout ça tout ça… ( att’ation
divulgâchis …) mais ce qui fait tout basculer, pour moi, c’est quand Harry sauve Drago. Ainsi il se
trouve, à son tour, épargné par la mère de Drago. Petite bascule minuscule.
- Quel est ton dernier coup de cœur en littérature ?
EBM : Sans hésitation, Le royaume de Pierre d'Angle
de Pascale Quiviger (Rouergue). Trois premiers lourds (500 pages chacun) et
beaux volumes sont déjà parus, le quatrième est prévu pour l'automne. Cette
auteure québécoise m'épate au plus haut point. Humour, aventure, suspens, des
personnages hauts en couleurs et un style limpide, direct, inventif. Un plaisir
de chaque page.
MFZ : « Celui qui savait la langue des serpents »
dont j’ai parlé il y a peu dans mon blog. Super spèïce !! J’ai adoré. Il
me tarde de lire « le Royaume de Pierre d’Angle » !!!! Je me
suis procuré la série suite au conseil de Za. Confiance absolue !
- Venons-en à ce qui nous occupe aujourd'hui : la
sortie de notre roman à nous, A cœur ouvert, aux Editions Courtes et longues.
Quel effet ça fait, de l'avoir entre les mains, ce livre-là ?
EBM :La joie de le voir publié, évidemment, la
satisfaction immense d'être arrivées au bout... Et puis il y a aussi le waouw !
devant la couverture de Germain Barthélémy, parfaite.
MFZ : Oui je te rejoins. La joie d’être arrivée au bout
d’un processus long et riche, et cette sublime couverture !! Une joie
décuplée dans ce climat d’incertitudes, de frustrations liées à la pandémie de
covid, qui a tout retardé, annulé, reporté…Un jour le facteur passe avec un
petit paquet et baoum feu d’artifice. Mon Cœur Ouvert.
- Mais qu'est-ce qui t'as pris d'écrire ce genre d'histoire ?
EBM :D'abord je ne suis pas entièrement
responsable ! Il y a eu une sorte d'émulation à distance avec
Marie-France. Il fallait que chacune donne envie à l'autre de continuer
l'histoire. La fantaisie s'est vite installée. Je pense qu'on avait envie de
s'étonner, de s'amuser. Puis on s 'est prises au jeu. C'est aussi un peu
la faute des personnages. Ils nous ont tout naturellement portés vers une sorte
de folie qui leur était propre.
MFZ : D’abord je ne suis pas entièrement
responsable ! Il y a eu une sorte de jubilation avec Elisabeth. C’est
parti comme un jeu, je me rappelle avoir attendu avec impatience les
réponses-suite de Za. Les personnages se sont incarnés avant l’histoire, il a
bien fallu à un moment donné, mettre de l’ordre à ce récit, faire concorder les
lieux, les temps pour que l’histoire existe.
- Quel personnage te ressemble le plus dans ce livre et
pourquoi ?
EBM : Mais le corbeau ! Je l'aime mon Odilon !
(S'il m'entendait...) Amoureux des mots, observateur de la nature humaine,
moqueur aussi. J'avoue.
MFZ : Je crois que c’est Boris. Je sais pas comment
dire, il a un petit côté ronchon mais « il y va » quand même. Il va
pester après Odilon, mais il se fait quand même du mouron pour lui. Il y a une
tendresse chez lui derrière ses airs bourrus. Il a une petite fleur bleue
contondante.
EBM : Une petite fleur bleue contondante...
- Est-ce qu'il existe des références pour toi derrière ce
texte, des lieux, des personnes, des sources d'inspiration ?
EBM : Odilon tient son nom d'un dessin d'Odilon Redon,
par exemple.
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Odilon Rdeon, un corbeau |
Chilpéric, lui, vient tout droit d'une chanson de Ricet Barrier
(la voix des Barbapapas). Les lieux sont arrivés tout seuls mais, à un moment,
on s'est aperçues, avec Marie-France, qu'on parlait pratiquement du même
endroit, cette espèce de no man's land dans lequel se jette le Rhône, une
terrre qui nous est chère.
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Plage des Saintes-Marie-de-la-mer 2017 |
MFZ : Ah tiens ? je savais pas pour les Barbapapas,
enfin pour Chilpéric. On a raison de s’interviewer.
Oui on a longé le Rhône et on a fini en
Camargue en connexion mentale pure !
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Port-Saint-Louis -du-Rhône |
Il y a plein de petites allusions à
Pagnol, notamment la trilogie Marius-Fanny-César. On est fans ! Pour moi
Boris, c’est en référence à Boris Cyrulnik, que j’aime, d’où le nom avec des « k » et
« y » aussi.
- Qu'as-tu appris
de ton métier d'auteure lors de l'écriture de ce livre?
EBM : L'échange de texte avec ma co-auteure, au début
spontané, s'est peu à peu mué en véritable processus d'écriture. La réécriture a
été un chemin plus long, plus difficile, et beaucoup plus formateur. Notre
éditeur, Jean Poderos, nous a accompagnées à chaque étape, patiemment,
précisément. Le roman a changé de forme, des articulations ont apparu. Il est
arrivé un moment où nos écritures se sont mêlées, au point de ne plus savoir
parfois qui avait écrit quoi.
MFZ :Ah oui, sans Jean Poderos, nous n’aurions pas finalisé ce livre. Il a su
avoir une vision pour cette histoire. Sans intervenir sur le propos, il a su
nous faire faire les changements qui ont donné du mouvement et dirai-je,
l’envol nécessaire (huhu !) Un gros gros boulot ! Merci !
Dans les échanges avec Elisabeth c’était sympa et inattendu
au début de continuer le personnage commencé par l’autre. C’était pas tracé à
la règle. Jubilatoire.
De mon métier d’auteure j’ai appris la table de travail, la
relecture.
De mon écriture j’ai repéré les petits défauts, les
« mais » et les « alors » tous pourris parsemés
partout, mes petites scories
personnelles, mes répétitions, mes répétitions, mes répétitions, mes
répétitions (huhu derechef). Je les vois mieux aujourd’hui.
Mon écriture s’est musclé les biceps.
- C'est quand qu'on s'y remet ?
EBM :T'as un truc prévu, ce week-end ?
MFZ : Oui je couds des masques. Hahaha. En vrai j’ai
besoin d’un petit temps de « rien » et puis zou ! On part
taquiner les muses !
- Il parlera de quoi notre prochain roman ?
EBM :On dirait qu'il y aurait des bestioles, un peu
bizarres, forcément. Qu'est-ce que tu en penses ?
MFZ : Absolument ! Ce serait une amitié impossible
entre un Gaulois et un Romain. Avec un gorille, un crocodile et un serpent.
Rooo j’ai plein d’idées !!
EBM : Faut qu'on discute. T'es sûre, pour le
serpent ?
MFZ : Pour le coup, je ne suis sûre que du serpent
(brrr..) Oui faut qu’on discute.
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MFZ et EBM, women in Black, tsé. | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
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